Vous avez été plusieurs à me réclamer un retour sur mon expérience d'arrêt tabagique. Je ne savais pas trop quand le faire et surtout comment le faire, et puis je me suis dit qu'avec l'arrivée de la nouvelle année, les bonnes résolutions tout ça, c'était l'occasion. Et puis surtout, nous allons bientôt arriver à la date anniversaire de mon arrêt. Alors ça se fête !
|
Cette photo n'a aucun lien. Mais je l'aime bien alors je vous la mets. |
J'ai arrêté de fumer le 4 janvier 2011. Je fumais un peu moins d'un paquet par jour, environ 15 - 16 cigarettes, avec des pics les jours où il y avait des fêtes et des baisses les jours où j'étais malade.
J'ai commencé à fumer à l'adolescence, un peu comme tout le monde. Je n'étais pas accro, ce n'était pas une habitude, j'en fumais une par-ci par-là au lycée, pour faire cool. En fait, je pense qu'à cette époque, on est tellement sûrs de soi qu'on se dit "ouais nan mais attends je suis trop pas accro, je fais ce que je veux, j'arrête si j'ai envie". Bah en fait, c'est le gros piège. Le piège c'est cette période où on se croit plus malin que tout le monde et où on se dit qu'on a le pouvoir. Dès que tu prends une cigarette, c'est elle qui prend le pouvoir.
Donc les jeunes qui me lisez, à partir du moment où vous fumez de manière plus ou moins régulière, c'est que vous êtes tombés dans le piège. Et c'est là que tout se joue pour la suite. Je ne vais pas vous dire "nan ne fumez jamais, c'est le mal". Je sais pourquoi on le fait. Et puis surtout, vous n'allez pas renoncer parce que c'est moi qui vous le dit. Mais en vrai, le mieux c'est de fumer une ou deux clopes pour tester (voilà, on fait un peu comme les copains, on se tape pas la honte) et puis on s'arrête là. On vous propose une cigarette, dites la vérité "non merci, j'ai testé je trouve ça dégueulasse. Je préfère manger un Bounty". Bam. En plus vous avez de l'humour.
Les choses se sont intensifiées autour de mes 18 - 20 ans où là le tabac est devenu une habitude. Et à l'époque, on pouvait fumer dans les cafés et certaines parties des restaurants en zone fumeur. Mais même quand c'est devenu interdit, les années suivantes, je restais accro. Sortir fumer par - 10 degrés ? Aucun problème !
Les années ont passé et évidemment tout se passait avec la cigarette. Toute ma vie était minutée de façon à ce que je puisse fumer mes cigarettes. Je me levais 10 minutes plus tôt pour pouvoir assouvir ma pulsion tabagique du matin. Eh oui, dès le lever... Avec un café. Zexy. Haleine de phoque, tout ça. Bonheur et joie pour mon entourage.
Quand j'allais à des rendez-vous, je descendais une station de métro plus loin pour pouvoir fumer une cigarette sur le chemin. Bref, des petits détails tout à fait insignifiant en soi, mais tout cela mis bout à bout, je me suis rendue compte qu'au final, la cigarette gouvernait ma vie. Et là, j'ai su que c'était pas moi la plus forte et la plus maligne. C'était la clope. Et de très loin.
Mais j'ai mis pas mal de temps à m'en rendre compte.
|
Moi avec mes dents de fumeuse. (J'ai camouflé la personne à côté qui n'a peut-être pas envie de se voir là) |
Évidemment, la consommation de cigarette a eu des conséquences sur mon physique. Première et la plus visible que mon complexait beaucoup : mes dents. Bien jaunes et avec des tâches liées au combo magique : tabac + café + coca cola. Eh ouais. Quand je fumais, je buvais en même temps soit un café, soit un coca. Tout ce qu'il ne faut pas faire.
Je vous passe les détails sur les problèmes d'odeurs... Le tabac, ça sent mauvais. Enfin... Certaines notes du tabac chaud peuvent être agréables (c'est d'ailleurs utilisé en parfumerie). Mais le tabac froid. C'est horrible. Quand tu fumes, tu pues toute la journée et tu ne le sais pas. Tes doigts sentent, tes vêtements sentent... Et puis toi, comme t'es pas très futée, tu rajoutes du parfum dans ton cou... Bah oui ! Tu ne sens pas que tu sens le tabac, alors pourquoi y aller en douceur ? Donc tu cocottes un genre de mélange parfum + tabac qui est totalement immonde, mais tu le vis bien.
Tes cheveux sentent, tes vêtements sentent... C'est effroyable.
Autre gros souci : ta peau. Tu ne t'en rends pas compte, mais le tabac accélère le vieillissement de tes cellules à une vitesse pas croyable. Le fait de fumer te crée des rides autour de la bouche alors que normalement tu ne devrais pas les avoir. Et surtout, cela te grise le teint. Tu dépenses des sommes folles en cosmétiques et maquillages, mais évidemment tu préfères fumer... Et donc anéantir tes efforts pour être une bombe. Qu'est-ce qu'on peut être bête parfois !
Évidemment je ne vous refais pas le couplet sur l'argent. Mais oui, fumer coûte cher. Cela te ruine même.
J'ai tenté d'arrêter de fumer une première fois, pour des motivations financières. Pour m'aider, j'ai remplacé les cigarettes par des cigarettes pharmaceutiques. Celles qui sentent le shit ouais. T'es pas la moins regardée dans la rue. C'est dégueulasse, ça n'enlève pas du tout l'addiction au geste. J'ai tenu 3 semaines je crois. J'ai repris direct et de plus belle.
Quelques mois après, j'ai tenté d'arrêter en réduisant peu à peu le nombre de cigarettes consommées par jour. De 15 à 10, 10 à 5... Et j'ai repris plus fort parce que je n'y arrivais pas. Je suis remontée à 15, voire un peu plus direct, juste pour me venger.
Et puis il y a eu le déclic, le 31 décembre 2010... J'étais à une fête pour le Réveillon. Et j'étais la seule fumeuse. Non, nous n'étions pas 4... Mais les fumeurs étaient tous en train d'arrêter. Je m'étais retrouvée toute seule à fumer dehors, en petite robe de soirée. La déprime totale. Ce soir-là, j'ai à peine fumé.
Le lendemain, j'ai eu une révélation, la nuit dans mon lit. Je n'arrivais pas à dormir. Et dans ces cas-là, vous savez ce qu'on fait ? On calcule des trucs, on pense à des choses chelou. Là, je me suis "amusée" à voir comment je pourrais faire pour partir en vacances à l'Île Maurice, parce que c'était mon rêve. Je voulais voyager plus. Je réfléchis, je retourne le problème dans tous les sens. 1800 € environ pour partir là-bas. Mais comment trouver l'argent... Je calcule comment faire. J'arrête de manger ? Je vis sous un pont ? Oh bah tiens, attends je vais calculer combien de dépense en cigarette. A mon époque, le paquet était environ à 6€ je crois (5, 80 mais je ne suis pas très sûre). Je fumais environ un paquet par jour, j'arrondis... 6 x 28 (j'arrondis à 28 jours de fumage par mois au lieu de 31, ça fait une moyenne. Et puis il y a toujours les clopes qu'on donne, etc.) et je multiplie ça par 12 pour faire l'année. Résultat : 2016. 2016 euros de dépensés par an en tabac. Pour rien en fait. Pour me rendre "cool".
Là, je suis un peu redescendue. Et j'ai continué à cogiter. Et c'est là que j'ai compris que la clope était la patronne. J'ai revécu mon Réveillon à fumer seule dans le froid, le lever 10 minutes plus tôt, les arrêts de métro en avance pour avoir le temps de fumer. Bon sang, combien de fois un fumeur se dit "attends je vais faire ça pour avoir le temps de fumer". (ouais, je sais que tu sais que j'ai raison). En fait, la cigarette me volait mon rêve de voyager.
On se dit qu'on est le chef de sa vie, mais quand on fume, on laisse le pouvoir à la clope. J'ai réalisé tout ça cette nuit-là. Ce n'est pas que l'argent ou que la santé qui m'a fait le déclic. Le déclic pour moi, ça a été de me rendre compte que je me privais de choses et que je changeais ma vie pour la cigarette. Et là, ça a été beaucoup plus facile d'arrêter puisque là motivation était là. Même la rébellion je peux dire !
Je comprends totalement les gens qui galèrent pour arrêter. Tant qu'on n'a pas eu son propre déclic, c'est très, très dur. Une fois qu'on réalise notre bêtise, là ça passe beaucoup plus simplement. Enfin... les premiers jours !
Comment j'ai arrêté concrètement ?
Simple. J'ai fini mon dernier paquet le 3 janvier et je me suis laissée juste une dernière clope dans mon paquet. C'était un peu un symbole. La dernière cigarette que je ne fumerai pas. Évidement, j'ai enlevé toutes les autre cigarettes et briquets de mon appartement, de mon manteau, mes sacs, etc.
J'ai ensuite pris des nicorettes à mâcher à la pharmacie. Alors... Ce ne sont pas des chewing gum hein. Moi j'ai cru aussi. Bwaaaaah ! L'erreur. On mâche 2 fois, on laisse diffuser la nicotine pendant 10 minutes, on remâche, on laisse diffuser, et ainsi de suite. Sinon on se prend un shoot de nicotine hyper violent. J'ai du recracher ma première nicorette parce que je n'avais pas eu cette information. Donc je vous le dis : on ne mâche pas ça comme un chewing gum !
La nicorette a bien aidé les premières semaines. Envie de fumer : PAF nicorette. Il faut je pense un substitut. Le plus dur, c'était les moments "sociaux". Evidemment, il y aura toujours des fumeurs autour de toi. Qui fument. Et te disent en fumant "ouais c'est bien que t'arrête" ++ Crachage de fumée dans ta tronche. J'avoue, j'ai un peu mis de côté mes amis fumeurs pendant quelques mois, le temps de me sevrer un peu.
Quand j'ai arrêté, j'étais en vacances. Donc les gens du bureau ne me voyaient pas. Je ne suis pas partie, je suis juste restée chez moi. Au mon retour, les gens m'ont tous dit "waou mais t'as super bonne mine !". Ok. Donc les effets sur la peau sont HYPER rapides et HYPER visibles. Et ça... pour une nana qui bosse dans la beauté... Je ne vous fais pas un dessin. C'était ra-di-cal. Et de jour en jour, j'ai vu la qualité de ma peau s'améliorer.
Au niveau du souffle et de la respiration, c'était aussi le grand changement. Au bout de 3 étages, j'étais morte. Au bout de 2 ou 3 mois, je courais, je n'étais pas essoufflée et j'hallucinais. En mode "ah ouais en fait ça m'handicapait vachement cette connerie de tabac".
Ma tactique pour me motiver : mettre l'argent économisé de côté pour voyager. Je vous rappelle que le déclic est un peu venu comme ça. Je prenais mon billet de 5 € tous les jours et je le mettais dans une tirelire. Mission : partir avec cette argent en Islande au mois de mai suivant.
Le plus dur, c'était les temps d'attente. Avant, quand j'avais un rendez-vous et que la personne n'était pas là, j'allumais une cigarette pour l'attendre. Ca donne de la prestance. Tous les moments d'attente étaient terribles. Du coup, j'ai commencé à arriver aux rendez-vous pile à l'heure. Ou alors, astuce : tu joues à Angry Bird ou à Candy Crush au lieu de fumer. Ou sinon, tu prends un yo-yo ou un truc dans le genre.
Les 3 premiers mois ont été hard, mais pas trop. Le troisième mois a été un enfer. Parce qu'on croit qu'on a gagné, mais pas encore. Les envies reviennent souvent, plus fortes et plus dures à gérer.
Les rêves chelou ont commencé à cette période. Je rêvais que je fumais. Le matin je ne savais plus si c'était un rêve ou si j'avais vraiment fumé. Je culpabilisais, je m'en voulais. Je sentais mes doigts et je comprenais que ce n'était qu'un rêve. Ouf.
Après 3 ou 4 mois, j'ai arrêté les Nicorette et j'ai transformé avec des chewing-gums et... de la nourriture. A partir de mars/avril 2011, je ne m'arrêtais jamais de manger. Je mangeais pendant les repas, entre les repas et entre les entre-repas. Tout le temps. Résultat au mois de mai 2011, j'avais pris 10 kg. Bam ! Dans ta face.
Mais tant pis, c'était peut-être le prix à payer. Mais la bonne nouvelle, c'est que j'avais tenu et que j'avais pu m'offrir mon voyage en Islande. Je pense que c'était une bonne idée de m'offrir un cadeau avec l'argent économisé avec l'arrêt du tabac. Quand j'étais là-bas, j'étais trop fière. Genre "ouais j'ai cessé de fumer ouais. Je suis ici grâce à ça".
|
L'Islande, premier cadeau "arrêt tabagique". |
Ah oui, parce qu'il faut savoir que les premiers jours, les gens sont trop derrière vous. Genre "ouais allez courage, tu vas y arriver. C'est bien ce que tu fais". Les mois d'après, tout le monde s'en fout. "Bah quoi, c'est bon t'as arrêté de fumer maintenant". Ouais... Enfin... Au bout de 6 mois, t'es pas totalement sevré non plus. Cela reste dur. Si vous avez des gens qui arrêtent de fumer autour de vous, n'arrêtez JAMAIS de les encourager. C'est dur encore 1 an après. Bon... Au bout de 10 ans vous pouvez vous calmer, ça deviendra juste super lourd.
Au mois de mai, j'étais à mon sens sûre de moi et de mon arrêt tabagique. J'en ai donc profité pour commencer à perdre les 10 kg que j'avais engrangé. Cela à pris quelques mois pour tout perdre et revenir à mon poids de forme. Mais voilà. Finalement, ça a été dur, cela n'a pas été sans craquage. J'avoue, j'ai fumé une taf au bout de 6 mois d'arrêt. Elle m'a tellement donné envie de vomir et fait tourner la tête que j'ai définitivement tiré un trait sur la clope. Pour toujours.
|
Maintenant, j'ose montrer mes dents ! |
Une fois que j'ai perdu mes kilos et de bien me stabiliser (il y a un an à peu près), je me suis dis que voilà, cela signait la fin de mon aventure avec la cigarette. C'était fini, derrière moi. Je me suis donc offert le dernier cadeau avec mes économies de "non-fumage" (il y a eu d'autres voyages entre temps, mais je vous passe les détails). Je me suis fait retaper mes dents. Je vous rappelle qu'elles avaient pas mal morflées pendant mes années cigarette et c'était un gros complexe. Le plus gros en fait. Vous voyez la pub "vous n'osez pas sourire ?", eh bien c'était moi. En arrêtant, mes dents sont devenues un peu moins jaunes, sans rien faire. Mais ce n'était pas encore ça.
Petit blanchiment donc, enlèvement des tâches, polissage, etc. etc. J'ai retrouvé le sourire que j'aurai toujours dû avoir si je ne m'étais pas faite avoir par le tabac.
Le cheminement a été long, mais je pense qu'on peut dire maintenant que la cigarette est derrière moi. J'ai retrouvé ma silhouette, mon sourire, mon souffle et ma peau !
Ce que j'ai noté :
- Amélioration de la qualité de la peau dès 2 semaines, puis crescendo jusqu'à environ 4 à 5 mois (moins d'imperfections, teint plus éclatant)
- Gain de souffle au bout de 2 ou 3 mois, puis crescendo jusqu'à 6 mois - un an)
- Retour du goût. Oui, les aliments sont meilleurs ! Et on sent mieux le vrai sillage des parfums... J'ai redécouvert totalement certaines fragrances. Je suis devenue super sensible aux odeurs et je reconnais des sillages beaucoup plus facilement. Et ça, c'est venu petit à petit.
- Je sens bon.
- Je vis ma vie selon MES envies et pas selon mon besoin de tabac
- J'ai de l'argent. J'ai rarement des fins de mois difficiles et besoin de racler les fonds de tiroir pour m'acheter un paquet... Vu que je ne l'achète plus (économie de 2000€ par an environ, ça aide)
- Je ne galère plus dans le froid pour fumer en hiver, j'ai donc moins de rhume et de maladie à la con.
- Je tombe moins facilement malade
- J'ai moins souvent des bronchites, angines et autres maladies qui arrivent souvent aux fumeurs
- Je ne galère plus un dimanche soir à 19h pour trouver un tabac ouvert pour faire le plein. Et je ne trouve plus de stratégie chelou pour aller fumer pendant un dîner où il n'y a que des non-fmeurs.
- Je vis très bien les voyages en avion de plus de 3 heures.
Voilà donc comment j'ai arrêté de fumer. Vous connaissez toute l'histoire.
Les jeunes, ou plus globalement ceux qui ne fument pas encore, franchement économisez-vous tous ces embêtements. Ca ne vaut pas le coup de fumer. C'est tellement relou d'arrêter. Tellement relou de perdre le poids lié à l'arrêt. Sérieux, j'ai du racheté tellement de vêtements qui maintenant ne me vont plus parce qu'ils sont trop grands. L'horreur ! Ces heures de shopping gâchées.
Non vraiment, même si vous trouvez ça cool, honnêtement ça ne l'est pas. Vous serez bien plus cool à trouver des excuses "lolesques" pour éviter de fumer et surtout tourner en dérision les fumeurs qu'en vous mettant bêtement une clope dans le bec. Faites des économies, ou acheter plutôt du vernis à ongles.
Si vous avez des questions, n'hésitez pas à les mettre en commentaire, je répondrais avec plaisir. Si j'ai la réponse bien sûr !